Histoire des deux conspirations du général Malet
DU GÉNÉRAL MALET 245 taine au chef de bataillon. Défense de commenter ou interpréter les ordres. Peine de mort contre la désobéissance et la révolte... Or, on me reproche ici: quoi? d’avoir obéi. Doit-on me fusiller tout de même? Je suis capitaine. Le colonel Soulier, qui est mon supérieur, me dit: « rassemblez la cohorte. » Je la rassemble. « Allez à l'Hôtel-de-Ville ; » y vais. Ensuite, M. le major de place, qui est aussi mon supérieur, me dit: « Criez : vive l'Empereur!» Je crie aussi: vive l'Empereur! « Retournez à la caserne ; » je retourne à la caserne. Ma conduite _est conforme au réglement; donc je ne suis pas coupable. »
L’adjudant-major Piquerel, dont Charles Nodier à fait un conspirateur émérite, sacrifiant sa vie plutôt que de dévoiler le secret de la conjuration, était un soldat naïf, voilà tout, et il n’était pas possible d’'expliquer d’une façon plus simple et plus vraie pourquoi une partie de la garnison de Paris avait si docilement suivile général.
Le capitaine rapporteur Delon, méconnaissant ce principe juridique, à savoir que l'intention seule constitue la criminalité, se borna à invoquer la matérialité des faits, et requit l’application terrible de la loi contre « ces soldats infidèles qui avaient manqué à la foi jurée à leur empereur, mis en