Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 297

blicaines, et après avoir cru un moment, en 1830, voir se réaliser le rêve ardent de sa jeunesse.

Restaient Demaillot et Rigomer Bazin. Ceux-là, on ne les avait pas lâchés. C’étaient deux Jacobins endurcis. On sentait bien qu'on avait sous la main la partie la plus active et la plus intelligente de la conjuration de 1808. Ils végétaient donc, comme on l’a vu, l’un à Sainte-Pélagie, l’autre à la prison de Rouen, où il avait été transféré.

Ils s'étaient trouvés dans l'impossibilité matérielle de se joindre à Malet; sans cela, nul doute qu'ils n’eussent coopéré avec lui à l’entreprise de 1812, et alors, les choses auraient bien pu tourner autrement. Quoi qu’il en soit, et ceci est bien à remarquer, car c’est particulier aux républicains, à ceux qu’on appelle les Jacobins, leur amour de la patrie fut plus fort encore que leur haine si profonde contre le despotisme impérial. Quand ils virent la France envahie, et le parti des émigrés s’apprêter à se jeter, comme des oiseaux de proie, sur les lambeaux du pays déchiré, ils oublièrent leurs souffrances, refoulèrent au fond du cœur leurs ressentiments et leur mépris, et ne songèrent qu’à la chère patrie, mise par la folie de Bonaparte à deux doigts de sa perte.

Du fond de leurs prisons, leurs voix s’élevèrent comme une protestation magnifique contre les pré-