Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

LE GÉNÉRAL DOURS 147

devoir et, par-dessus tout, une âme de Français et de patriote, que cet ensemble d'avantages et de qualités peut dans une certaine mesure justifier son avancement, que ce fut un sans-culotte qui fréquentait assidûment les banquets civiques et qui souhaitait que «le mouvement révolutionnaire fit le tour de l’Europe pour établir sur les débris des trônes la statue majestueuse de la Liberté », qu’il mérite donc une statue à Bollène, sa ville natale.

N'est-ce pas trop dire ni trop demander? Passons sur quelques défauts du général Dours, sur ses mensonges, sur sa vanité (il ose écrire à Carteaux qu’en 1792, oui, en 1792, son département, toutes les autorités constituées et tous les clubs ont fait à l’Assemblée législative une adresse revêtue de quarante-deux mille signatures et qu’il a refusé net au ministre Servan le commandement en chef d’une arméel!1!). Mais peut-on ériger une statue à un homme qui, selon M. Laval, ne sort pas de la moyenne des généraux de son époque, à un homme qui, comme s’exprime encore M. Laval, proclamait avec tant de cynisme ses principes de sans-culotte outré, qui « s’éleva par la protection d’un parti toutpuissant et qui vit sa fortune militaire s’effondrer le jour même où finit le règne du jacobinisme »? ! Dours lui-même se rendait justice.

4. P. XI, 477, 608.