Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

204 NOTES CRITIQUES SUR DE RÉCENTS OUVRAGES

tendre et sincère attachement pour vous : libre ou prisonnier, il sera toujours le même. » Quand il aurait craint que sa lettre fût saisie, n’eût-il pas, en mandant son « désastre », fait une allusion au lien étroit et sacré qui l’unissait à la princesse ?

Et la princesse ? Dans la lettre du 6 avril qui retrace sa douleur à M d’Ecquevilly, M. Welschinger trouve les cris indignés, les protestations poignantes, les fières paroles d’une épouse. Pourquoi n’y trouvons-nous pas ce mot ou un mot approchant : « moi qui étais sa femme », « moi qu'il avait devant Dieu reconnue comme sa femme ? » !.

VII

Une observation encore. L'auteur a parfois le ton tranchant et impérieux, le ton de ce qu’on nommait jadis un décisionnaire. Avec une robuste confiance en lui-même, il assure que tout ce qui a paru depuis son travail de 1888 n’a fait

1. Qu’on me permette ici une conjecture. Cette vaillante Charlotte est allée à Strasbourg et, lorsqu’un officier de gendarmerie et l’accusateur publie vinrent l’interroger, elle avoua hautement, dit-elle, le sentiment qui l’entraînait. Ne dit-elle pas alors, pour justifier sa démarche et pour inspirer le respect à la police, qu’elle était la femme du duc d’Enghien ? Voilà, peut-être, pourquoi Réal et Regnier crurent dès lors qu’un mariage légitime l’unissait au duc.