Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

R16 NOTES CRITIQUES SUR DE RÉCENTS OUVRAGES

Ainsi, conclut M. de La Tour, la fameuse histoire d’émigration a été inventée de toutes pièces.

Comme si le certificat du commandant de la garde nationale n’était pas un certificat de complaisance! Comme si la recommandation de La Barolière, ami du père de Duroc, avait quelque valeur!

Lisons, en effet, cette recommandation de La Barolière que M. de La Tour n’a pas publiée et pour cause — Jisons-la attentivement, et nous verrons que sous les réticences et les arguments de La Barolière, il s’agit d'émigration. La Barolière implore les bontés du ministre pour un Jeune étourdi dont l’âge est un motif d'excuse; Duroc, dit la Barolière, a été séduit; il a fait ce qu'on appelait dans ce temps là faire comme les autres, et, comme une bête, il s’y laissa aller sans regarder plus loin que son nez; il faut, par suite, oublier son erreur! *

M. de La Tour ne sera peut-être pas convaincu par ces citations de La Barolière. Mais le témoi-

1. L’auteur a donc mal lu le dossier, et il aurait pu faire encore une remarque. Le ministre a d’abord opposé un refus à la demande de Duroc : ne se peut. Or, on est à la fin de janvier 1793, et ce ministre, c’est Pache. Mais Pache est remplacé par Beurnouville, et le bureau de l'artillerie, dirigé par l’adjudant général Saint-Fief, revient à la charge en février et obtient une lettre de Merenveue, le nouveau commandant de l'Ecole (lettre que nous n’avons pas) et une seconde et brève recommandation de La Barolière (notons que Beurnonville est pour la Barolière un compagnon d'armes de l’Argonne).