Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

ÉTIENNE DE LACLOS 229

ces hommes que le jeune officier approcha, « apercevaient derrière lui comme une ombre plus grande qu’eux », ou bien quand il retrouve dans les notes du fils «une certaine parenté d’esprit avec le père », ou bien quand il juge que Marmont n’eut jamais plus de talent qu’en 1814!. Mais nous approuvons M. de Chauvigny lorsqu'il s'élève contre la réputation d’immoralité faite à l’auteur des Liaisons dangereuses. Le livre de cet homme qui ne fut peut-être pas aussi « Valmont » qu’on l’a dit, est, selon M. de Chauvigny, à peine plus perfide que les Mensonges de Bourget, et Laclos n’a pas été « l’homme noir » que représente Michelet, ni aussi diabolique qu’on se le figure d’ordinaire?. M. de Chauvigny nous montre Laclos éducateur, stimulant son fils moins par des sévérités

4. Que l’éditeur me pardonne l’observation suivante. Il dit p. 30 : « Tels étaient les aînés qui, suivant l'expression un peu emphatique du colonel Boudin, du 4440, mandaiïent à Laclos qu’il était de leur choix ». IL s’agit d’une lettre que Boudin écrit à Laclos fils en avril 1813. Or, les « aînés » que cite l’éditeur, Marulaz, Maupetit, Ludot, Clément, alors tous généraux, ne mandent rien à Laclos, et pour cause, puisqu'ils n’appartiennent pas au 444e de ligne. C’est le colonel du 144, Boudin, qui regrette que Laclos soit nommé dans son régiment chef de bataillon à la suite, et non pas chef de bataillon en pied, et l’expression dont Boudin se sert, n’est pas « un peu emphatique » ; il « désirait » Laclos; donc Laclos, comme il dit, était « de son choix », et il n’y a pas dans ces derniers mots la moindre emphase.

2. Peltier, dans le Dernier tableau de Paris (II, p. 10), ne le nommait-il pas l’homme le plus profondément perverti du siècle et le héros des annales de la débauche ?