Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

DELPHINE DE CUSTINE 251

Delphine — c’est elle qui s’exprime ainsi — pareille à une longue et sombre nuit. De même, en 1814, en 1815, et jusqu’à la fin, c’est le sort du malheureux Astolphe qui inquiète Delphine. En 1816, elle rejoint Astolphe à Francfort et y retrouve Koreff. Plus tard, elle cherche à marier Astolphe et à l’occuper. Si elle revoit quelquefois Chateaubriand, c’est pour l’intéresser en faveur d’Astolphe et, lorsqu'elle meurt en 1826, c’est qu’elle a su le deshonneur d’Astolphe, ses mœurs inavouables ; c’est qu’elle a vu mourir sa bellefille Léontine de Courtomer et son petit-fils Enguerrand ; c’est qu’elle a une maladie de foie. Peut-on dire avec M. Maugras qu’elle meurt d’être abandonnée ? Peut-on dire qu’elle avait « donné sa vie » à Chateaubriand ?

IV

Me de Custine est-elle d’ailleurs si attrayante, si touchante ? Est-elle digne de sympathie ? Certes, elle chasse de race, et M. Maugras remarque que Delphine et son frère Elzéar, enfants de vieillard, ont reçu de leur père « un sang si appauvri que tous deux manquaient complètement d'équilibre moral », que tous deux « devaient sûrement à la fatalité de leur naissance des états nerveux inexplicables, de véritables crises morbides » (p. 4). Mais enfin, et après