Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

92 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

«La manière dont M. Sue nous démontre cette science, est bien faite pour en donner une notion très générale. Il se sert de pièces d'anatomie injectées sur le naturel, ou parfaitement imitées en cire. Il a des pièces très curieuses. Pour l'homme, il a un enfant de cire revêtu de sa peau; on peut lui ouvrir le ventre, dans lequel on voit tout ce qui est dans l'homme vivant ; rien n'a été oublié. Il a, outre cela, un fœtus de deux mois et des pièces séparées. Pour les quadrupèdes, il nous a fait voir des squelettes de singe et de grenouille et des animaux revêtus de leur cuir tels qu'une fouine, etc. Il a passé ensuite aux oiseaux, aux insectes et enfin aux plantes. Ce cours-là est très bon pour les amateurs qui ne veulent avoir qu'une notion légère de cette science. »

M. de Parcieux, professeur de physique expérimentale, ne manquait pas d'un certain talent de parole, mais il avait un accent déplorable et l'enchainement des idées lui faisait complètement défaut; son cours était un des moins suivis.

La Harpe, dont la réputation étail encore si grande, attirait au contraire une énorme affluence à ses leçons :

«M. de La Harpe nous a lu ses savants commentaires sur la poétique d'Aristote, le Traité du sublime de Longin et la langue française comparée aux langues anciennes. Sa leçon prochaine doit rouler sur la poésie épique d'Homère. Ce cours de belles-lettres sera com-