Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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nérale et le peuple témoigne son bonheur par d'étonnantes manifestations. Edmond mande à son père :

« Les illuminations que l'on fit dimanche dernier furent beaucoup troublées par un vent et de la pluie qui tomba après plus de trois semaines de sec. C'est dommage ; les habitants étaient très portés à illuminer pour marquer leur joie de ce que le roi, qui est chéri ici,et que l’on doit aussi chérir dans tous les départements, avait recouvré heureusement la santé. »

Les derniers incidents auxquels nous venons de faire allusion et les conséquences qu'ils ont provoquées dans la noblesse du royaume font demander des me- sures de répression contre l’émigration. Une loi est proposée à l'Assemblée. Pendant qu'on la discute, surviennent de graves événements :

Le 28 février, le peuple excité, dit-on, par le duc d'Orléans, se porte au donjon de Vincennes, où se trouvent de nombreux prisonniers, et l'attaque. La Fayette aceourt et rétablit l’ordre. En mème temps une

ëémeute éclate aux Tuileries. Beaucoup de nobles s’y sont réunis, armés de poignards, pour défendre le roi, disent-ils, dont la vie est menacée. La garde nationale les désarme et les arrête, non sans une lutte des plus vives. Le bruit court qu'ils ont voulu enlever Louis XVI, et on les surnomme les Chevaliers du Poignard. Ces manifestations armées de la noblesse surexcitent l'imagination populaire ; l'émotion est à son comble.