Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. au

« Là journée du 28, écrit Terrier, a causé une fermentation qui n’est pas encore apaisée. Chacun entire des conséquences plus ou moins sinistres, et il serait difficile d'en tirer de bien favorables. On regarde comme un fait certain que M. Condé va incessamment entrer en France avec une armée de 10 000 hommes, qui doit être grossie de 30 à 40 000 mécontents. »

Les esprits sensés et clairvoyants peuvent déjà prévoir les scènes tragiques que l’émigration va provoquer dans un avenir prochain. M. Géraud s'en fait l'écho par ces paroles véritablement prophétiques :

« La journée du 28, mon cher Terrier, doit en effet inspirer de vives craintes et redoubler la surveillance des bons patriotes. On croit assez généralement ici que les conspirateursavaient pour but l'enlèvement du roi, mais ce projet était aussi insensé que celui qu'on prête à M. Condé. S'il osait entrer en armes dans le royaume, on ne donnerait pas, je crois, le temps aux mécontents d'aller grossir des cohortes scélérates, et de toutes parts nous apprendrions des arrestations et sans doute des punitions sanglantes. Non, tant que les puissances n'épouseront pas les querelles de ces pygmées, nous n'avons rien à craindre. »

Le même jour, et pendant que ces événements se passaient dans Paris, l'Assemblée diseutait la loi sur l'émigration. Demandée avec rage par Barnave, les Lameth et leurs partisans, elle fut attaquée avec la plus extrême violence par Mirabeau; jamais il ne