Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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s'envelopper de parfums, qu'à se couronner de fleurs, qu'à s'environner de musique, afin d'entrer paisiblement dans le sommeil éternel. »

Il ne put cependant s'empêcher de déplorer luimême cette fin prématurée, qui enlevait à la Révolution le seul homme qui eût pu la diriger et la maitriser.

La consternation fut générale, lorsque se répandit la fatale nouvelle, et nos jeunes étudiants nous donnent une peinture très spontanée et très vraie des sentiments qui agitaient la population en présence d'un événement qui changeait, à n’en pouvoir douter, les destinées mêmes de la patrie.

Au lycée, 2 avril 1791, à onze heures du matin.

« Mirabeau n'est plus! écrit Terrier. Après quatre jours d'espoir et de crainte, nous avons enfin perdu le premier orateur de l'Assemblée nationale. Un émissaire vient de nous annoncer qu'il est mort ce matin, à dix heures. Les derniers jours de sa vie ont été les plus beaux de sa gloire; jamais regret ne fut plus profond, ses ennemis mêmes ne peuvent lui refuser le leur. Ces jours derniers, ‘tout Paris se portait chez lui en foule, les visages étaient tristes, pensifs, et quoique chacun connût son état, on se plaisait encore à se le demander mutuellement, comme si l'on eût cherché dans les autres, l'espoir qu'on ne trouvait pas