Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

120 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

çais seulement. Les papiers publics se disputent à qui ne fera plus d'éloges; on ne sait où le porter, on ne trouve pas ce place digne de lui. Le département de Paris le qualifie de « citoyen éloquent et vertueux. »

Pour honorer la dépouille mortelle de l’illustre homme d'État, l’église Sainte-Geneviève fut érigée en Panthéon et l’on y fit graver cette inscription : « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante. »

« Si Louis XVI, qui paraît l’idole du peuple, mourait, écrit un chroniqueur du temps, il pourrait recevoir les mêmes honneurs qui ont entouré les restes de Mirabeau, mais il ne pourrait en recevoir de plus grands!. »

Le lycée consacra une soirée tout entière à déplorer la perte irréparable que venait d'éprouver la France :

« Le lycée a aussi jeté des fleurs sur la tombe de Mirabeau, dit Edmond. Tous les talents se sont empressés d'y venir chanter à l'envi le grand homme que nous venons de perdre, et des éloges, des oraisons funèbres ont fait couler nos pleurs en redoublant nos regrets. M. Cabanis, son inédeein, a fait lire un journal de la maladie qui nous l'a enlevé. Cet ouvrage est écrit d’une manière on ne peut plus touchante, ce sont les expressions naïves du sentiment et du plus tendre attachement, c'est le cœur d'un ami qui s’épanche, qui mêle ses vifs regrets à ceux de ses concitoyens, et

1. Correspondance secrète publiée par M, de Lescure.