Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

66 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

particuliers; mais comme elles n'avaient pas les fonds nécessaires pour payer sur-le-champ, elles donnèrent des bons avec lesquels le Trésor remboursa ses créanciers. On changea bientôt les billets municipaux en billets d'État ou assignats, et l'on en rendit la circulation forcée.

On peut supposer l'émotion causée dans le clergé par de pareilles propositions et les protestations indignées qu'elles soulevèrent. Les séances où l'on discuta ces diverses motions furent des plus orageuses :

«Paris, 26 avril 1790.

€ Il nous a été impossible, malgré notre bonne envie, écrit Terrier, d'entrer à l’Assemblée pendant ces séances tumultueuses. L'affluence qu'y attiraient les débats des ministres d’un maitre dont ils n'imitaient guère l'esprit pacifique et le désintéressement, permettait à peine d'en approcher. La terrasse des Feuillants et une partie du jardin des Tuileries étaient couvertes d'une populace innombrable. Les eris, les applaudissements que la terrasse recevait de l'Asssemblée et qu'elle transmettait au jardin, répétés par la multitude, retentissaient jusque sur les quais, tellement que le Roi en fut effrayé et qu'on ferma les Tuileries jusqu'à ce que la chose fût décidée. Les deux partis montraient une chaleur égale. Chacun semblait avoir pris pour devise: Vaincre ou mourir. Cependant