Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 69

un sermon peu modéré qu'il avait donné le dimanche précédent, le somma de faire le sermon lui-même et d'en peser les termes, sous peine du fatal réverbère. Get épouvantail aristocratique modéra sa bile, la messe fut chantée; mais il se dispensa du sermon, sous prètexte d'incommodité.

« Les feuilles sont pleines chaque jour des émeutes qui agitent les provinces, tandis que la capitale est dans la plus grande sécurité. C’est une eau battue dont le centre a recouvré son calme, tandis que les ondulations se propagent encore au loin. »

La tranquillité, en effet, ne régnait guère en province, et la question religieuse provoquait presque partout des soulèvements inquiétants.

« Bordeaux, 4 mai 1790.

« La superstition a failli occasionner des meurtres à Toulouse et à Montauban, mande M. Géraud: dans la première ville, la conduite de la municipalité a tout apaisé, mais dans la seconde, où la municipalité est très aristocrate, les rumeurs du bas peuple contre les protestants eussent été fatales à ceux-ci sans la garde nationale. La populace, égarée par les prêtres, est, diton, furieuse. »

Cinq ou six protestants furent assassinés et Bordeaux dut envoyer des secours pour rétablir l'ordre : 1300 hommes d'infanterie, 70 hommes de cavalerie,