Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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dans toute la France les passions religieuses pour lui venir en aide. C’est particulièrement dans le Midi que ses efforts furent couronnés de succès.

Edmond cite quelques exemples des contestations qui s'élevèrent entre le peuple et les curés de Paris. Il ne faut pas s'étonner de la passion qu'il apporte dans les questions religieuses; sa qualité de protestant opprimé devait lui faire prendre parti avec violence contre le clergé catholique.

c Le 10 mai 1790.

« Les ministres de la religion, j'aurais mieux dit de leurs intérêts, ont voulu suivre ici l'exemple de leurs confrères de Toulouse; ils n'avaient pas réfléchi sans doute que la capitale plus éclairée était un lieu peu propre à dresser leurs batteries. Aussi n'ont-ils pas été bien loin. Le curé de Saint-Étienne avait affiché des prières publiques pour invoquer le ciel en faveur de la religion, à qui personne ne veut faire de mal. Le district s'est tranporté chez lui, l’a prié de modérer son zèle et de laisser le ciel en repos ainsi que l’Assemblée nationale.

Celui de Saint-Sulpice avait annoncé une messe s0lennelle, avec un sermon par l'abbé de Boulogne, pour remercier la Divinité des secours que les grands n'avaient cessé de répandre sur le peuple dans le cours de cette année. On lisait en texte : Pauper et dives obvierunt tibi. Le peuple, déjà prévenu contre lui par