Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 1 qu'il est fort mal vu à la cour, la Reine surtout le déteste; malgré tout l'attachement qu’elle affecte pour lui en publie, sa haine perce toujours. »

Peu de temps après, une grave question s’imposait inopinément aux délibérations de l’Assemblée et elle allait surexciter tous les esprits : Fallait-il laisser à la couronne le droit de décider de la paix ou de la guerre, où bien l'Assemblée devait-elle s'emparer exclusivement de ce droit ?

Cette question passionne le public, une foule énorme se tient aux Tuileries, à la place Vendôme, dans là rue Saint-Honoré, attendant avec anxiété les nouvelles qu'on lui apporte de l’Assemblée.

Mirabeau soutient que la guerre éclatant presque toujours de façon imprévue, le Roi seul en peut décider. Cette théorie est attaquée avec la plus extrême violence par Barnave. Les bruits les plus fâcheux courent sur Mirabeau, on l'accuse d'être vendu à la cour ; le peuple exaspéré lui montre une corde, des pistolets, et acclame son adversaire; on fait imprimer contre lui un libelle horrible : « Je savais bien, dit-il simplement, qu'il n'y avait pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. » La motion du puissant tribun l'emporte cependant, mais elle est adoptée avec un amendement qui oblige le Roi, s’il commence les hostilités, à réunir sans délai l’Assemblée pour lui soumettre ses raisons et faire approuver sa conduite.