Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

12 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT ‘ }

« Paris, 24 mai 1790.

« Après huit jours de débat, écrit Edmond, nous avons donc enfin une décision favorable sur la question la plus importante, celle qui devait détruire entièrement ou renouveler tout l'espoir des ennemis du bien public. La motion de M. de Mirabeau avait répandu les plus vives alarmes. M. Barnave, en la combattant le lendemain, avait excité tous les applaudissements. Son éloquence faillit lui être funeste, car au sortir de la séance, il fut entouré par la foule, et tandis qu'on le complimentait, qu'on l'embrassait, chacun se pressant pour le voir, il pensa être étouffé sous ses lauriers. On l'accompagna jusqu'au hors des Tuileries avec des applaudissements si longtemps soutenus qu'ils attirèrent aux fenêtres la reine et les dames de la cour. Le lendemain samedi devait enfin fixer les opinions. Paris était dans une attente pleine d'inquiétude. Dès le matin les rues retentirent de la proclamation d'une diatribe intitulée : Trahison du comte de Mirabeau découverte. Il y était traité de la manière la plus outrageante, et le peuple toujours extrême la lisait avec d'autant plus d’avidité. Rome en un mot revivait avec ses tribuns. »

La noblesse déjà privée de ses privilèges par les décrets du 4 août allait perdre ses dernières distinctions .