Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

16 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

cliner et se conformer aux prescriptions de l’Assemblée, mais pour bien marquer qu'on ne regardait celte mesure que comme transitoire, on recouvrit les inscriptions et les écussons des hôtels d'une simple chemise de plâtre, facile à faire disparaître. De même les armoiries des voitures furent cachées sous un léger nuage, pour donner à entendre que le gros temps passerait; quelqu'un ajouta même cette devise explicative : « Ce nuage n'est qu'un passage ».

Pendant que ces éyénements se déroulaient à Paris, les départements ne restaient pas inactifs; dans le but de résister plus facilement aux ennemis de la Révolution, ils avaient créé entre eux des fédérations. Provinces, villes, villages, tous se fédèrent, de facon à faire disparaître les obstacles que la nature ou les lois ont pu créer, et à constituer peu à peu l'unité complète du pays.

Le 17 juin avait eu lieu à Bordeaux, dans le jardin public, une fête qui avait comblé de joie tous les assistants. M. Géraud père s’empresse d'en faire à son fils la description :

« 19 juin 1790.

« Notre fédération avec le régiment de Champagne, avec les gardes nationales du département de la Gironde, de Toulouse, de Bergerac, s'est faite le 17 de ce mois, époque qui sera fameuse dans l'histoire de