L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

age 16 (suite).

62 CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES

Ce qui ne l’empêcha pas, toutefois, de faire toute

suite, irréfutable. Quant aux paroles « qu’on assure que la duchesse d'Angoulême prononça, dans les derniers mois de sa vie », voici l'affaire. Le comte (?) d'Hérisson, dans Le Cabinet noir (17° édition, Paris, Ollendorff, 1887, p. 31 à 34) cite un récit, écrit par le docteur Antoine Martin, fils du visionnaire, d'une entrevue qu'il eut avec le général de La Rochejaquelein, à Orléans, le 18 février 1857. Ces deux survivantistes, après s'être chamaillés, se seraient fait des confidences.

Le général continua :

Madame la Dauphine me fit appeler à son lit de mort, et me dit d'une voix presque éteinte : « Général, j'ai un fait grave, très grave à vous révéler; c’est le testament d’une mourante : mon frère n’est pas mort; c’est le cauchemar de toute ma vie. promettez-moi de faire toutes démarches nécessaires pour le retrouver. Voyez le Saint-Père, voyez les enfants de Martin, courez par terre et par mer pour trouver quelques vieux serviteurs ou leurs descendants, car la France ne sera heureuse et tranquille que lorsqu'il sera sur le trône de ses pères. Jurez-moi (ici des larmes abondantes) que vous ferez tout ce que je vous demande. Je vais mourir au moins tranquille, et il me semble que le poids que j'ai sur la poitrine est moins lourd. »

Ce récit n’a aucune valeur critique, car :

1° Il est écrit par le docteur Martin, qu'on peut sans la moindre irrévérence traiter d’exalté.

2 Il est écrit pour Gruau de la Barre.