L'année de la peur à Tulle

A

poteau d’infamie par un collier de fer, les deux mains liées derrière le dos. Puis, les épaules nues, le bourreau les frappa de coups de verges !

Le 25 février 1790, cinq jours après le prononcé du jugement et juste un mois après l’émeute, la potence était dressée à Tulle sur la place de l’Aubarède (aujouræ’hui place Municipale).

Une partie de la maréchaussée des villes environnantes avait été adjointe à celle de Tulle.

Les cavaliers du régiment de Royal-Navarre étaient sous les armes, les officiers de la garde citoyenne de Tulle avaient réuni leurs hommes. On avait déployé des forces considérables, redoutant une émeute, recdoutant surtout l’arrivée des paysans des environs qui devaient, disait-on, délivrer les prisonuiers.

Le gibet se dressait et pourtant la population espérait toujours. Des sentinelles étaient postées sur la route de Pans, par où devait arriver l’estafette porteur des ordres de l'Assemblée nationale qui, on n’en doutait pas, allait faire surseoir à l'exécution du jugement. La foule était immense, paysans et arlisans étaient pleins d'angoisse. Un cri, un murmure, et celte foule oscillait, tournait ses regards vers le point d’où devait venir la grâce. On n’était ras venu pour voir mouwuir, oh, non! On était là pour ‘ attendre la clémence royale ! Et jusqu’à la dernière minute, jusqu’après l’arrivée des condamnés sur le ïieu du supplice, on espérait encore !

Eux aussi, les malheureux, espéraient ! ils avaient la ferme conviction que la liberté les attendaient au pied de la potence. — Ils y trouvèrent la mort !

« Le tribunal prévôtal appliqua la loi », a-t-on écrit, sed lex, dura lez ! Maïs les juges avaient- = bien toutes les preuves pour condamner ?