L'année de la peur à Tulle

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» royaume soit élablie et affermie sur des fondements » solides. »

Trois jours plus tard, le 23 juin 1789, avait lieu la séance royale. Louis XVI, mal inspiré par ses ministres, fit un discours qui irrita les esprits et, comme conclusion, il ordonna à l’Assemblée de se sépirer sur-le-champ. En se retirant, il fut suivi par la noblesse et une partie du clergé ; les députés des communes restèrent silencieux à leurs bancs. Alors Mirabeau se levant : « Messieurs, dit-il, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait être le salut de la Patrie, si les présents du despotisme n'étaient pas toujours dangereux... Mais où sont les ennemis de la Nation? Catilina est-il à nos portes ?. Je demande qu'en vous couvrant de votre dignité, de votre puissance législative, vous vous renfermiez dans la religion de votre serment ; 4 ne vous permet de vous séparer qu'après avoir fait la Constitution. »

Arrive à ce moment, le marquis de Brézé, grand maître des cérémonies de la Cour, ei s'adressant à Bailly qui présidait :

— Vous avez entendu, dit-il, les ordres du Roi ?

— Je vais prendre ceux de l’Assemblée, répond Bailly.

Mais Mirabeau s'avance en s’écriant :

« Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi; mais vous n'avez ici ni Voix, ni place, ui aroit de parler ! Cependant, pour éviter tout délai, allez dire à votre maître que nous sommes ici par la puissance du peuple et qu’on ne nous en arrachera que per la puissance des baïonnettes ».

C'était la porte ouverte à la Révolution, et peu de jours après, le 14 juillet 1789, la sombre forteresse de la Bastille était prise par le peuple.