L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

CONCLUSIONS 193

différence des religions des deux pays. Bachofen fait remarquer (Mutterrecht, p. 370-375) que les Atlantes, dont Platon met en lumière le culte poséidonichthonique, sont vêtus de noir, se couchent à terre comme les arbitres des jeux funéraires de Némée, et jugent la nuit, et de telle manière que même l'égalité des voix acquitte, enfin proclament leur jugement à l'apparition du printemps. Bachofen voit dans cet usage un retour à des manifestations du matriarcat primitif, en ce sens que la justice redevient une attribution de la mère primitive, la terre. Les jugements nocturnes des Aréopagites et les combats nocturnes envisagés comme jugements des dieux rappellent ces conceptions du monde, qui n'avaient plus cours du temps de Platon. Orphée, identifié avec Pythagore dans beaucoup de mythes, descendait par son père Oeagrus à la septième génération d’une des Atlantides, qui est désignée par Diodore (IT, 59) comme ayant été la mère primitive de tous les héros. Dans cet arbre généalogique d’Orphée s'affirme de plus l’intime relation du royaume atlante avec le monde pélagique, matriarcal, chthonique, depuis longemps supplanté, à l’époque de Périclès et de Platon, par le monde apollinien régi par les hommes. A l'étape poséidonienne la domination masculine était encore soumise au lien du matriarcat, Poseidon était en rapport avec la lune et avec le culte lunaire. Dans le culte de Poseidon règne la pensée de la mort et nous voyons en action dans la fin de l’Atlantide cette pensée de la mort et le principe aquatique poséidonien. De ce point de vue, qu'on ne fait ici qu'indiquer, le récit atlantidien de Platon devrait, d'après son caractère épique, être considéré, non pas comme un enseignement historique et géographique, mais comme un exemple mythique. Cette conception n'exclut d'ailleurs pas la possibilité que Platon ait aussi fait connaître une ancienne tradition. Mais il est bien

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