L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

CONCLUSIONS | 195

l'île à l’ensemble de la philosophie platonicienne. Les remarques des philologues, et surtout d'Erwin Rhodes, s’attachent trop aussi, de leur côté, à une certaine idée dogmatique qu’ils se font du mythe chez Platon. Il est absolument nécessaire de connaître la position des fragments du Timée et du Critias dans l’ensemble de l’œuvre de Platon pour arriver à comprendre correctement le récit atlantidien dans sa relation avec Platon lui-même.

Le Timée et le Critias sont des œuvres de la vieillesse de Platon, écrites à une époque où, après ses deux derniers séjours à Syracuse, il s'était convaincu de l'impossibilité de réaliser son idéal politique et s'était tourné vers des études absolument différentes. Il n’est pas inexact de dire (Howald) que la pensée et la philosophie de Platon avaient perdu leur contenu. En tout cas on a raison de désigner les nouvelles œuvres de Platon, et avant tout le Timée et le Critias, comme étant de la mystique, où la dialectique est utilisée comme préparation à quelque chose d'’irrationnel. Cependant on aurait tort d'admettre que le résultat de la discussion soit indifférent. Lorsque Platon lui-même dit de ses mythes qu’ils sont conçus ironiquement, la localisation limitative qui leur est assignée dans le domaine de l'ironie n’en diminue pas la valeur symbolique. Nous trouvons dans les descriptions du Timée, qui appartiennent à l’histoire naturelle, l'acceptation des bases des sciences naturelles modernes, et nous y voyons renaître l’ancien enseignement de Démocrite. Tout cela nous fait prendre conscience qu'une transformation du rationalisme se prépare. Nous laisserons de côté la question de savoir si cela s'explique par des influences égyptiennes ou par le pythagorisme sicilien. En tout cas le mystère devient puissant dans l'œuvre de Platon bien que Platon, qui l’expose, semble encore se défendre contre lui en le désignant comme sans caractère sérieux, pour en diminuer l’im-