L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

208 LES SUBMERSIONS IRLANDO-ARMORICAINES

boisées). Gradmann et d’autres (1) ont montré, (et j'ai vérifié pour la Normandie) que leur présence caractérise aussi les . terres arables primitives, (celles dont la mise en culture remonte à l’époque néolithique). Mais, pour la même raïison, la présence d’un groupe d’espèces résiduelles de la flore xérophile steppique sur un substratum quelconque prouve que ce substratum existait déjà avant la fin du climat xérothermique, puisque les espèces en question ont été incapables de conquérir aucun point nouveau du sol depuis que le climat océanique s’est établi. C’est pourquoi la présence de résidus xérothermiques notables sur les restes (quelques mètres carrés) du tumulus néolithique à pseudocoupoles de Condé-sur-Ifs prouve que le changement de climat est plus récent que la construction du tumulus, c’est-à-dire se place à l’âge du bronze. J’énumérerai ci-après les espèces en question. Je me borne à rappeler que les auteurs récents donnent actuellement à leur présence le sens même que je lui avais donné dès 1914 et que ces espèces font partie d’une flore ancienne, fort étudiée en ces dernières années, et sur laquelle les botanistes sont bien renseignés à présent.

ÉTENDUE ET SITUATION DES TERRES ATLANTIQUES SUBMERGÉES A L’AGE DU BRONZE

1° Un premier fait permet d'établir qu’à l’époque où fut construit le tumulus néolithique de Condé-sur-Ifs le climat de la Basse-Normandie était plus continental que le climat actuel de la Champagne. Les terres dont la présence empêchait les influences maritimes de se faire sentir en Normandie étaient donc au moins aussi larges que la France actuelle, de la Champagne à l'Océan.

En effet, la plupart des espèces qui constituent en Normandie les résidus de l’ancienne flore xérothermique (2) existent aussi en Champagne. Or, l’observation montre que

1. Rob. GRADMANN : Das mitteleuropaeische Landschaftsbild nach seiner geschischtlichen Entwickelung (Geographische Zeitung, T, 1901, p. 361). — H. HausrATEH : Der Deutsche Wald. Col. Teubner, Leipzig. — M. BuesGEN : Der Deutsche Wald. Col. Quelle, U. Meyer, Leipzig, 1905, ch. I, pp. 5 et suiv. — F. GIpoN, loc. cit.

2. Voir G. LEMÉE, loc. cit., ou mes Stations résiduelles.