L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes
58 LA POLÉMIQUE ATLANTIDIENNE MODERNE
En 1926, principalement, le géologue de Munich Paul Borchardt s’est livré à des recherches très poussées pour confirmer l’ancienne supposition qu’un établissement préhistorique découvert par lui concordait avec la description que donne Platon de la ville d’Atlantis. Borchardt part de ce point de vue qu'avant tout on doit avoir une connaissance exacte des idées géographiques des Anciens pour pouvoir bien comprendre et apprécier le récit de Platon sur l’Atlantide.
Pour les Anciens la terre était une grande île entourée par une mer extérieure et les diverses parties du monde résultaient de la division de cette grande île en plusieurs petites îles. La Méditerranée elle-même était une mer ouverte et pleine d'îles et c’est seulement plus tard qu'on la nomma mer « intérieure » par opposition à l'Océan, la mer « ouverte », infranchissable. Borchardt signale ce que dit Strabon; celui-ci mourut en l'an 20 de notre ère mais, encore à l’époque d’Auguste il se fondait sur Eratosthenes, qui avait vécu et enseigné de 275 à 195 avant J.-C. Pour Strabon, les parties du monde, séparées par le Nil et par le Tanaïs, sont des îles. La Méditerranée divise la « terre habitée » en deux parties, qui deviennent des îles du fait de la mer extérieure qui les entoure par dehors. Hérodote aussi rapporte que, dans son voyage de découvertes autour de l'Afrique, Necho avait constaté que la Libye était une presqu'île. Mais Borchardt fait remarquer aussi que, chez les Anciens, l’idée d’une « île » était différente de ce qu’elle est chez nous. Ils désignaient comme étant des îles, non seulement les presqu'îles, mais aussi les oasis. Borchardt rappelle surtout que la mer Atlantique des anciens n'est pas identique avec notre Océan Atlantique. C’est seulement chez Hérodote que la mer située de l’autre côté des Colonnes d’Hercule commence à s'appeler « mer Atlantique », dénomination qui, d’après Borchardt, ne