L'atomisme d'Épicure

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non, puisqu'il ne souffre pas de ses maux passés. Car la mort immortelle a détruit la vie mortelle (morlalem vitam mors cum immortalis ademit) (x).

Notre philosophe donne une description pénétrante de l'écoulement et du dépérissement de toute chose dans l’univers. Dans la nature les choses se renouvellent suivant un ordre fixe : la vieillesse cède la place à la jeunesse, les nouvelles générations se succèdent continuellement. Les êtres qui existent dans le présent disparaîtront, comme ceux qui ont existé autrefois, et comme ceux qui existeront après. Les êtres naîtront toujours les uns des autres, @ car », dit Lucrèce, « nous ayons l'usufruit de la vie, et non la propriété » (vitaque mancipio nulli dalur, omnibus usu). L'éternité qui a précédé notre naissance est pour nous un néant ; le néant sera pour nous aussi le temps après notre mort qui est plus paisible que le sommeil (2).

Dans ce raisonnement éminemment philosophique, dont Schopenhauer était évidemment inspiré quand il énonçait des vues semblables, Epicure permet la possibilité de la création répétée d’un individu, puisqu'il existe dans l’espace infini et

(4) CE Ibid. IIT, 850-869.

(2) C£ Jbid. IN, 964-977. La théorie du sommeil d'Epicure est intimement liée à sa conception de la mort, le sommeil étant une transition de la vie à Ja mort. Comme cest à l'âme que nous devons la sensibilité, il faut admettre que pendant le sommeil une partie d'elle est troublée et chassée du corps. Les parties de l'âme qui restent dans le corps rallument ensuite la sensibilité. Le trouble de l'âme et l'état de Jlangueur du corps dans le sommeil sont produits par les chocs de l'air qui battent la surface du corps aussi bien que sa partie inférieure. Le sommeil vient à la suite des repas, parce que les aliments produisent les mêmes effets que l'air, et après les fatigues, quand les efforts causent un désordre plus général dans les parties de l'âme (Cf. D. L. 66 scholie ; De R. N. IV, 916-061). Chez Lucrèce nous (rouvons une interprétation subtile des rêves. Dans le rêve la succession des images semblables, qui est très rapide, semble comme le changement d'une seule image (cf Ibid. IN, 757-716). Une formule, acceptée dans la psychologie moderne, est aussi établie. On affirme que l'homme voit dans ses songes les objets de sa prédilection ou des travaux habituels qui ont retenu lle plus longtemps son attention particulière. Pour cela on a donné bien des exemples. On a aussi mentionné les cas dans lesquels les hommes avouent dans le sommeil leurs secrets et leurs crimes. Ici se trouve la supposition que les animaux aussi révent ; comme exemples on a cité les chevaux. les chiens et les oiseaux, La partie des rêves, indubitablement travaillée d'aprés la théorie d'Epicure, a reçu de Lucrèce un magnifique éclat. (CF. {bid. IV, 962-1050 ; V, 1158-1160).