L'atomisme d'Épicure

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dans le temps infini des combinaisons infinies d'atomes, Mais il nie que celte création soit identique à l'immortalité, puisqu'elle est fortuite et puisque l'âme, qui naît avec le corps, ne peut durer entre les deux existences.

L'immortalité de l’âme individuelle sembe absurde à Epicure. L’âme de l’homme n'est pas immortelle, la qualité d'immortalité ne pouvant être attribuée qu'aux atomes, à l'espace vide et à l'éternité (x).

Epicure insiste surtout sur ce point quil est sans importance de deviner ce que deviendrait le corps après la mort, puisqu il est absolument insensible (2). I ne faut pas craindré des peines dans le monde infernal, puisque les âmes n'existent pas après la mort, et puisqu'il n'existe nul monde infernal (3). Lucrèce dit bien que c’est dans notre vie qu'on trouve les chàtiments que la mythologie a réservés pour la vie après la mort (4). Ë

Le matérialiste proteste contre l'amour trop grand pour la vie des hommes. Pourquoi faire tant d'efforts pour prolonger cette vie ? La durée la plus grande de la vie d'un homme ne diminuera en rien le temps de son non-être. La mort étant éternelle, celui qui est mort hier, aussi bien que celui qui est mort depuis bien des années, seront également longtemps dans le non-être (5). Par une intuition yraiment géniale, Epicure a conçu que l'éternité du non-être ne peut avoir une durée variable.

En tout cas il reste aux hommes l'espérance en la possibilité d’une nouvelle création, les atomes dont ils sont composés étant indestructibles (6). Gette possibilité, qui n'était nullement opposée à ses principes matérialistes, Epicure l’a laissée à ceux qui n'avaient pas assez de courage pour accep-

(4) CF. Jbid. III, 806-818 ; V, 51-565.

(2) Cf. Jbid. III, 870-895, où sont développées les idées pareilles à celles qu'énonce Socrate à Axiochos mourant dans le dialogue pseudo-platonicien du même nom.

(5) CE Lact. Div. inst. Il, 47,42.

(4) Cf, De R. N. IT, 978-1095, où se trouvent plusieurs interprétations symboliques bien réussies. ;

() CF. De R. N. III, 1076-1094. (6) C£. Philod. De dis col. 18