L'atomisme d'Épicure

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Les restes de la polémique d’Epicure avec Héraclite, Empédocle et Anaxagore nous sont parvenus (1). Le principe de la philosophie d'Héraclite que le feu est la substance des choses est d'abord réfuté. Ni le feu seul, ni ses condensations et ses raréfactions ne pourraient jamais produire les choses variées de la nature. D'ailleurs on ne peut pas admettre la possibilité de la condensation et de la raréfaction du feu sans le vide, dont l'existence dans les corps était niée par les stoiciens. Cependant si on admet le changement qualitatif du feu, alors par là même on anéantit da nature de cet élément. Dans ce cas, ce serait du néant que iout naîtrait. Si on suppose les atomes ignés, ils ne pourront produire que du feu. En vérité, les atomes qui composent toutes les choses produisent aussi le feu, mais ils ne ressemblent ni au feu, ni aux autres corps perceptibles par les sens. Epicure blâme Héraclite de ce qu'il n’ajoute foi au témoignage des sens que quand il s'agit du feu (2). Il remarque bien qu'il n'y a pas de raison à supprimer tout hors du feu; qu'avec autant de raison on pourrait nier l'existence du feu et laisser subsister quelque autre élément (3).

(4) D'après la mamiére de réfutation d'Héraclite chez Lucrèce, on ne pourrait pas tant conclure, nous semble-t-il, qu'Epicure connaissait la philosophie d'Héraclite à travers la doxographie péripatéticienne et stoïcienne (cf. le commentaire de M. Robin, I tome, p. 154456), comme que son but principal était de combattre, par Héraclite, le système de ses adversaires. Car chez Lucrèce les doctrines des stoïciens sont plus discutées que celle d'Héraclite.

(2) En réalité le philosophe d'Ephése méprise toujours le iémoignage des sens. xoxol udotuoss Gviowmotouv ôgÜaluol #oi @te« Gao6açous wuxûc éxévrov. (Le fr. 107 chez Diels).

(5) CE De R. N. I, 655-704. Güdeckemeyer (p. 45-47) constate qu'Epicure ma plus pensé que le feu est supérieur aux autres éléments, comme l'a fait Démocrite. Le philosophe d'Abdère admettait que le feu, seu] parmi les autres éléments, est composé d'une espèce spéciale d'atomes (des atomes ronds et très mobiles), et qu'il n'est pas soumis au processus du changement. Güdeckemeyer trouve que Démocrite a conçu le feu de cette maaière sous l'influence de la théorie d'Iéraclite. Cette opinion nous semble arbitraire. Quoique Démocrite aussi donne au feu le nom de l'âme et de ce qui est divin dans les choses (cf. Arist. De anima, I, 2, 404a, 1: PlutPlac, I, 7,16), dans son système cet élément a un tout autre rôle que dans celui d'Héraclite. À savoir chez le philosophe d'Abdère le feu nest pas Ja