L'atomisme d'Épicure

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4 formés d’autres éléments, ceux-ci d’autres encore, et ainsi à l'infini. Comme on peut rire sans principes riants, raisonner fins atomes philosophes et s'exprimer éloquemment sans atomeë orateurs, il fant conclure que les êtres sensibles sont compo%s d'atomes entièrement insensibles (x). Cette réfutation pàc l'absurde de l'hypothèse opposée, qu'Epicure a donné dans l'intention de mieux fonder la sienne, est très subtile, quoique Vaxgumentation sophistique ne résolve point la principale difficulté de l’atomisme, à savoir l'impuissance d’expliquer la naïsance de la sensibilité et de la conscience par le: mouvement des atomes absolument insensibles.

Epicure contlut que la sensibilité aussi provient des combinaisons, positions et mouvements des atomes, comme les différents mots proviennent de l’ordre et de la combinaison des mêmes lettres (2).

Bien des siècles avant Descartes et Locke, Démocrite a établi la différence entre les qualités premières etles qualités secondes. Les qualités premières, qui appartiennent aux choses mêmes, sont la pesanteur, la densité et la dureté. Les qualités secondes, variables suivant les différentes personnes et suivant les différents élats de la même personne, expriment les sensations que les choses produisent sur les sujets (p. ex. le chaud, le froid, la couleur) (8). La pense véritable de Démo-

(1) CE Jbid. II, 976-990. Voir Ibid. I, 919-920 : « Tiet uti risu tremulo Concussa cachinnent et lacrimis salsis umectent ora genasque. »

(2) Jbid, 11, 9911092; 01 196197: I, 685, I! 823-829: I, 912-914, IT, C88-604 : IT, 4015-1022 ; Lact. Div. inst. III, 17,22. Mais elle était sans doute déjä donnée par les anciens alomistes, car dans le De gen. et corr. 1.2, 515b, 6, Aristote dit à propos de la théorie des atomes qu'avec les mêmes lettres on peut écrire une tragédie et une comédie.

(5) CI. Arist. De gen el corr. I, 2: 516a, 1; Met. IV, 5, 10094, 26; TheoDhr. De sensu 62, 65, 68 : DL. IX, 45 : Sex. Adv. math. VIII, 6. D'après Natonp les qualités premières de Démocrite sont aussi relalives (Forschungen, p. 185). Rivaud trouve que le relalivisme de Démocrite n'exclut pas uné confiance très forté dans la réalité des apparences (Ouvr. cilé p. 151). A Ja page 159 Rivaud dit : « Les qualités secondes sont réelles, au même tre que les qualités premières. Elles ont leur siège, non dans l'esprit humain, mais dans les choses elles-mêmes. L'esprit n'intervient que pour les déformer et les confondre, pour allérer les rapports qui les unissent aux élres véritables. » En vérité Rivaud attribue ici à Démocrite l'idée d'Epicure. (Cf. D.L. X, 50,50).