L'atomisme d'Épicure

Le

Lucrèce nous a conservé l’idée d’Epicure que notre monde périra. La religion a imposé aux hommes la fausse croyance que la terre, le soleil, le ciel, la mer, les astres et la lune ont la substance divine et éternelle (1). Comme les éléments dont ils Sont composés (la terre, l’eau l’air et le feu) (2), et qui subissent les changements sans nombre, qui périssent ei se renouvellent, ainsi le ciel et la terre ont eu leur commencement et auront leur fin. Car tout dans la nature est dans un chansement incessant (3). A cela est liée l'affirmation que notre monde est nouveau (4). S'il existait de toute éternité, pourquoi les poètes ne chanteraient-ils pas les événements antérieurs à la guerre de Thèbes et à la ruine de Troie ? On voit que le monde est nouveau par le fait que bien des choses se perfectionnent et s'inventent à présent (5). D'ailleurs si le monde n'avait pas eu de commencement,il n'aurait pasipu résister aux assauts d'un temps immense (6). Mais ce nouveau monde vieillira et périra un jour (5). Car le monde croît tant que ses pertes restent moindres que ses récupérations (8); après cela il périt, pareil aux animaux et aux végétaux (9). Cependant la perte de notre monde, comme celle des autres mondes, peut aussi être produite par leurs chocs réciproques (10). Donc Epicure a retenu la doctrine sur la ruine des mondes de Démocrite.

Lucrèce nous a conservé une autre affirmation de son maître, inspirée évidemment par Empédocle, et contradictoire avec l'hypothèse que notre monde est nouveau ; à savoir celle

(1) CE. Jbid. N, 91-195.

(2) Il ne faut pas perdre de yue que les éléments dont parle Epicure ne sont pas ceux des anciens philosophes grecs, car selon le principe de l'ato-

misme, fous les éléments sont constitués de combinaisons différentes des .

mères. atomes:

(5) CE De R. N. V, 955-595.

(&) Ibid. V, 350-351 : « Verum, ut opinor, habet nouilatem summa recensque nalurast mundi, neque pridem exordia cepit. »

() CÉ Ibid. N, 524551.

(6) Cf. Ibid. NV, 576-579 ; 506-507.

(1) Sur: le vieillissement du monde qui amènera sa perte cf. Jbid. IL 1151-1152 ; Aët. Plac. IL, 4, 10 ; Stob. EXL. I, MS, 179, 3.

(S) CE De RON IT, 4195-4125.

(9) CF. AGt. Plac. Il, 40. »

(10) Comment ce choc était-il conçu par Epicure, on ne peut répondre, car nous n'avons aucun document qui nous en parle. Pour cela il est mieux de laisser celte question sans la résoudre, avec Zeller (p. 409, note 6, édit. 5) et Güdeckemeyer (p. 155).

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