L'école de village pendant la Révolution

234 PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Comme ces écolessont tenues parles mêmes maîtres qui, autrefois choisis par les curés, savaient comme des stentor faire grand bruit dans un temple, en y chantant d’une voix fausse et contrefaite un latin qu'ils n’entendaient pas, ces mêmes maîtres existants sous le beau nom d'instituteurs qui ne leur appartient pas, ilest indispensable que les élèves ne soient élevés dans les mêmes exercices. On leur apprend, sans que cela paraisse, à répondre la messe, à chanter ce qu'on appelle plein-chant et à faire toutes les petites arlequinades appelées cérémonies de l’église; de plus, tous les parents veulent que leurs enfants soient élevés comme eux-mêmes et rien de plus.

Il est donc impossible d’avoir des instituteurs dans les campagnes, tels que le républicanisme l'exige, tant que les parents les payeront et qu'ils ne seront pas gagés par le gouvernément; celui qui paye veut être servi selon sa volonté; de là suit la disette continue de bons instituteurs et la perte d'une génération qui sera au moins inutile à la république, si elle ne lui devient pas préjudiciable.

Les agents font souvent leurs visites chez les instituteurs ; souvent je les vois ; je fais plus, je converse avec eux, et je puis vous dire qu'il faudrait qu'ils commençassent eux-mêmes à apprendre ce qu'ils devront enseigner aux enfants.

Tous les livres de religion sont absolument bannis des écoles, du moins dans la classe publique ; mais je soubçonne fort que tout s'y enseigne comme par le passé, tels que l’évangile, le catéchisme, les pensées chrétiennes, etc.