L'oeuvre sociale de la Révolution française
10 INTRODUCTION
ceux de tout en haut, à moins qu'ils ne les voient passer et ne se heurtent à eux, ce qu'il serait sage de trouver le moyen d'empêcher d'être.
L'idée d'égalité, comme forme d'instinet de juslice, est évidemment beaucoup plus noble; mais elle est plus dangereuse, parce que, sous ce caractère, elle se généralise, sans rien perdre, je crois, de sa force. Quand cette idée qu'il est insupportable que quelqu'un soit au dessus et quelqu'un au dessous s'empare de l'homme, elle en fait un révolté, non seulement contre la société, mais contre la nature elle-même. Non seulement il ne peut souffrir qu'il y ait des riches et des pauvres, des nobles et des plébéiens, etc., mais il est indigné qu'il y ait des forts et des faibles, des intelligents et des médiocres, des gens qui réussissent et des gens qui ne réussissent pas. Ainsi ne le voudrait pas la justice; et cela est parfaitement vrai, et toutes les injustices sociales ne sont rien du tout auprès des injustices de Dieu. Aussi remarquez que les révolutionnaires, blessés dans leurs idées égalitaires par les inégalités naturelles autant que par les inégalités sociales, avaient pris le parti de nier celles-là, par ce mouvement instinetif et un peu puéril, qui fait qu'on croit effacer ce qu'on affirme n'être pas. Ils avaient bravement inscrit dans leur Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen :
‘x Tous Jes hommes sont égaux par la nature et
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