L'oeuvre sociale de la Révolution française

196 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

l'enseignement primaire de la Révolution n'eut pas une fortune brillante. Je pense qu'une semblable objection n'a qu'une valeur très relative, car elle ne tient compte que du fait brutal, qu'on exagère d'ailleurs. Il ne fait pas la part des difficultés immenses que rencontrèrent les divers pouvoirs, et aussi bien la Convention que le Directoire, pour mettre à exécution un aussi vaste ensemble.

Les deux obstacles les plus redoutables venaient de la pauvreté même du budget consacré à l’instruction publique, de la pénurie ou de l'insuffisance d'instituteurs chargés de la répandre.

Le projet de Bouquier, en concédant à chacun le droit de tenir école, n’avaitfait qu'ouvrir la porte à un grand nombre d'incapables, mais en n'accordant qu'une somme dérisoire à celui ou à celle? qui désiraient assumer cette lourde tâche n’attirait guère, surtout dans les petits endroits sans grandes ressources, un personnel sérieux et capable. Et, d’ailleurs, sans le décret Bouquier, où et sous quelle forme opérer tout d’un coup ce recrutement du nombreux personnel nécessaire à l’enseignement primaire. Une difficulté, presque insoluble on le voit, se présentait, à laquelle, à dire le vrai, la Convention ne s'était pas suffisamment préparée au sein des

4. Les écoles primaires décrétées par le décret de la Convention eurent encore une existence assez longue.

9. L'instituteur recevait 20 livres, soit à peu près 20 francs par élève, et l'institutrice, 15 livres seulement.