L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 229

Généralement, dans les villages, à côté des grands propriétaires, des privilégiés qui peuvent s'y rencontrer, on trouve d'abord des petits propriétaires qui vivent dans l’aisance dans les régions les plus fertiles de la France. Ensuite les cultivateurs non propriétaires. Les uns louent une terre moyennant une rente en argent. Les autres sont des métayers qui partagent les produits du sol avec le propriétaire. Puis, entre le propriétaire et le fermier ou métayer se glissent parfois des intermédiaires qui, ayant des capitaux, louent de grands espaces moyennant une rente et les sous-louent à des métayers ou à des sous-fermiers. Dans la Marche, le Berry, le Poitou et l’Angoumois, ces monopoles de capitalistes sont très usités ; ils tendent à la fin du xvi* siècle à se pratiquer dans le Nord et l'Ouest. De gros fermiers font exploiter leurs terres par des sous-fermiers qui les remboursent de leurs frais, de tous les pots-de-vin qu'ils se voient obligés de donner aux grands propriétaires laïques et ecclésiastiques. Les riches fermiers accaparent les fermes dans le Boulonnais, l’Artois, la Picardie, le Maine : pour éviter les dépenses de réparation, les propriétaires « démasurent les terres », détruisent tous les jours les bâtiments des fermes moyennes et réunissent les exploitations. De grandes fermes se constituent dans le Nord et l'Ouest; il se forme ainsi toute une classe de riches laboureurs, une