L'oeuvre sociale de la Révolution française

224 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

vérilable bourgeoisie rurale, aux dépens des autres paysans qui, ne trouvant plus de ferme, tombent dans la misère. Quant aux métayers, si nombreux dans tous les pays où le numéraire est rare, dans le Midi et le Centre, et qui formeraient, suivant Arthur Young, la plus grande partie de la classe rurale, ils font valoir le sol le plus souvent à moitié fruits, parfois au tiers et même au quart de la récolte ; les propriétaires les obligent souvent par des clauses spéciales à verser de l'argent ou à donner une portion de fruits en plus. Enfin des manouvriers ou journaliers qui possèdent parfois un morceau de terre et louent leurs services aux grands propriétaires. Ils n’ont pas toujours d'ouvrage : les fêtes si nombreuses et les rigueurs de l'hiver qui suspendent les travaux agricoles leur mangent bien le tiers de l’année ; et, quand ils travaillent, ils gagnent de 10 à 15 sols par jour, avec lesquels il leur faut payer 30 livres par an pour leur loyer, sans compter les impôts. À côté de cette population qui vit de la seule culture du sol, on trouve dans chaque village un certain nombre de marchands et d'artisans; quelques-uns ne possèdent pas de terre, gagnent à peine de quoi vivre misérablement. D'autres ont une certaine quantité de terre qu'ils cultivent eux-mêmes et le commerce qu'ils font ne leur donne qu'un appoint au revenu qu'ils tirent du sol. Tout à fait au-dessous de ces diverses