L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 225

catégories de personnes, on rencontre, sinon dans tous les villages, du moins dans beaucoup, un certain nombre de gens qui ne possèdent rien et qui sont réduits au vagabondage et à la mendicité. Ainsi il y a dans le village des riches, ou du moins des aisés, et des pauvres, quand le village n'est pas tout entier formé de malheureux paysans opprimés par la fiscalité royale et seigneuriale.

III. — La culture du sol et la circulation des denrées ne sont pas libres. Une série d'entravessont imposées aux agriculteurs par des usages immémoriaux et par la politique économique de l'État.

Le droit de chasse restreint considérablement l'exercice de la propriété et nuit à la culture, surtout dans les capitaineries royales. Le tenancier ne peut jamais délivrer son champ des pigeons el des lapins, des cerfs, des biches, des sangliers qui pullulentaux environs des forêts. Il doit mème entretenir soigneusement le gibier pour les plaisirs de Sa Majesté. Il ne peut faire faucher ses prés avant la Saint-Jean. IL ne peut aller cultiver des pois ni les cueillir qu'après avoir reçu des ordres de l'inspecteur des chasses qui ne les accorde qu'avec beaucoup de difficulté. 11 doit garnir d'épines les terres dépouillées, et, pour chaque nid de perdrix et de faisans, laisser une forte touffe de luzerne de la grandeur

d'environ neuf pieds carrés. Et il en est ainsi plus

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