L'oeuvre sociale de la Révolution française

236 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

fortune que leurs chèvres ou leurs vaches. Le Parlement de Nancy a refusé d'enregistrer l'édit qui permet le partage des « communes » en Lorraine: le Tiers de Mirecourt, celui de Thionville, protestent contre une innovation qui détruirait l’élevage du bétail, seule ressource de la Lorraine, et plusieurs communautés de certaines vallées pyrénéennes sont aussi hostiles à la division.

Enfin, dans beaucoup de cahiers du tiers état, la libre circulation des grains à l’intérieur du royaume est vivement réclamée. On ne demande pas la libre exportation, mais on sent le besoin de s’aider entre Français, de détruire ces barrières provinciales qui mettent certains pays dans la gène, quand leurs voisins vivent dans l'abondance.

En 1789, malgré un défaut d'entente sur certaines questions secondaires, les classes rurales sont unanimes dans leurs vœux généraux. Elles aspirent à la libération et à la division du sol français, à la liberté de la culture et de la circulation des denrées agricoles.

Or, dans les États généraux ce sont lesmagistrats, les avocats, les philosophes qui dominent. Et ce ne sont pas les questions sociales, mais les questions politiques qui semblent les préoccuper le plus. La tâche la plus pressante, c’est, à leurs yeux, l'élablissement d’une Constitution. Les vœux des campagnes

ne se réaliseraient-ils qu'après ceux des villes? La