L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 297 révolution sociale suivrait-elle la révolution politique? Telle était la question capitale après la formation de l’Assemblée nationale.

III

I. — En juin et juillet 1789, les élus de la nation ne songeaient qu'à donner à la France une constitution. Mais les paysans, impatients de réformes pratiques, excités par les mouvements insurrectionnels qui éclataient partout, à Paris et dans les villes, envahirentles châteauxet brûlèrent les livres terriers. Puis, comme s’il avait peur de ce qu'il venait de faire ou comme s'il redoutait l'avenir et tremblait devant l'insécurité générale, le paysan prit peur. Ce fut la grand'peur qui s'empara de presque tous les villages de France à la fin de juillet et au commencement d'août 1789. Partout on croyait que les brigands étaient Ià et l’on s'armait pour s'opposer à leurs ravages. Illusion, d’ailleurs. Ces brigands n’existaient que dans l'imagination naïve des campagnards, et, dès que les officiers municipaux se rendaient au lieu où l'on prétendait les avoir vus, ils ne trouvaient rien. L'anarchie élait

à soncomble. Alors, pour ramener la sécurité dans