L'oeuvre sociale de la Révolution française

238 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

les campagnes, l’Assemblée nationale est obligée d'abandonner ses discussions sur la Déclaration des droits de l'homme et de régler des questions plus pratiques et plus pressantes. Le 4 août, à la séance du soir, Target lit un projet d'arrêté sur la sûreté du royaume. Pour Jui, il faut décréter que « les lois anciennes subsistent. jusqu'à ce que l’autorité de la nation les ait abrogées ou modifiées ». Mais une telle déclaration est-elle susceptible de rétablir l'ordre? Le paysan n'est-il pas trop surexcité pour qu'on puisse le contraindre ou le calmer par des procédés dilatoires?

C'est alors que dans cette nuit d'enthousiasme du 4 août les d’Aiguillon, les Noailles, plusieurs prélats font l'abandon généreux de leurs droits seigneuriaux et de leurs dîmes. Il semble que l'on assiste à la suppression totale et brusque du « régime féodal ». L'accord unanime cesse lorsqu'il faut rédiger le décret. Alors les oppositions se manifestent, et ce n'est que le 11 août que la rédaction est terminée. L'Assemblée n'a pu poser que des principes généraux, et, dans sa prudence, elle en diffère l'application. «L'Assemblée nationale, dit l'article premier, détruit entièrement le régime féodal. » Mais la suite de l’article le rétablit, après l'avoir entièrement détruit, puisqu'il distingue des droits supprimés sans indemnité et des droils ra-

chetables et que, jusqu'au rachat, ces derniers