L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 247 était-il propriétaire? La question ne pouvait être douteuse pour les biens de la première et de la troisième classe. Il n'en était pas de même pour les biens ecclésiastiques.

Le clergé était le corps le plus riche. Suivant les évaluations les plus vraisemblables, il possédait des terres qui donnaient un revenu d’une centaine de millions, des dimes qui montaient à une valeur annuelle de 130 millions sans compter le casuel. Les économistes, les philosophes, les légistes attaquent ces richesses du clergé. Ils ne cessent d'en dévoiler l’origine inique dans une série de brochures qui exercent une véritable influence sur les esprits. Les revenus de cette richesse usurpée ne vont plus à la destination qu'imposent les canons. Les pauvres, le culte, les cleres ne reçoivent plus leur juste part. Les hôpitaux, les collèges, le clergé inférieur sont dans le plus complet dénuement, tandis que les gros décimateurs, les prélats et les moines vivent dans le luxe et l’impiété. Enfin ces biens de mainmorte sont, grâce à l’immobilité perpétuelle qui les frappe, inutiles et même nuisibles à la société. C’est le sort de toutes les fondations perpétuelles, suivant Turgot et Dupont de Nemours. L'utilité publique est le seul principe ; les intentions des fondateurs ne doivent point empêcher les réformes générales. Les morts ne sauraient com-

mencer à perpétuité; « si tous les hommes qui ont