L'oeuvre sociale de la Révolution française

248 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

vécu avaient eu un tombeau, il aurait bien fallu, pour trouver des terres à culliver, renverser ces monuments stériles et remuer la cendre des morts pour nourrir les vivants. » En 1789 le peuple pense comme les économistes el les avocats, il demande la vente des biens corporatifs, particulièrement des biens ecclésiastiques. Aussi, dès le 6 août, Buzot, puis le 8 août le marquis de la Coste et Alexandre de Lameth demandent-ils l’aliénation des biens ecclésiastiques au profit de la nation. Mais la nation était-elle propriétaire de ces biens ?

Dans l’ancien régime le clergé ne se prétend pas propriétaire de ces fonds ; il ne se reconnait que la qualité d'administrateur et de dispensateur des revenus. Ce n'est pas lui qui est propriétaire, mais des services perpétuels : le service du culte, l’entretien des prêtres, l’assistance des pauvres. Sile clergé n'est pas propriétaire, l'État ne l’est pas davantage. Mais le roi s’attribue sur les fonds ecclésiastiques des droits considérables ; il arrive à en disposer comme de sa chose. Que les services généraux auxquels sont destinées ces richesses soient transférés à la nation et les biens lui feront retour. Les anciennes théories du clergé et du pouvoir royal, les actes récents de la royauté, conduisaient facilement à la sécularisation des biens ecclésiastiques. Mais alors le clergé résiste et, pour sauver ce qu'il appelle ses biens, il n'hésite pas, au mépris des

SA DE, Re D