L'oeuvre sociale de la Révolution française

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LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET LES PAYSANS 265

ne vienne lui prendre ses grains, et alors sonne le tocsin. Vitry refuse d'envoyer du blé à Troyes. Auray, Vannes et Ingrandes ne veulent pas fournir à la subsistance de Lorient et de Nantes. Bref, les campagnes résistent, ne songent plus aux villes, se replient sur elles-mêmes, serrent jalousement leurs grains. Le fermier ne porte plus sa récolle au marché. Des comités permanents se forment dans beaucoup de villes pour prévenir les disettes; il s’en crée de tels, spontanément en quelque sorte, à Lisieux, à Bernay, à Alençon, à Brives ; ils veulent obliger les fermiers à approvisionner le marché et leur imposent des taxes; mais alors les fermiers trouvent qu'ils ne vendent pas assez cher et ne veulent plus revenir. Les grandes villes sont obligées de faire des sacrifices considérables, le gouvernement de même. Les municipalités livrent à perte des quantités considérables de grains aux boulangers, et ces grains proviennent souvent de l'Étranger, de la Hollande, de l'Angleterre, de la Pologne d’où le Gouvernement les fait venir. L'État est obligé de se faire plus que jamais le distributeur des denrées. Les négociants sont détestés du peuple qui «ne voit en eux que des ennemis»; « c’est du Gouvernement seul que l’on peut espérer desgrains », disent à la fin de 1789 les députés de la Commission intermédiaire de Haute-Normandie.

On souffre, mais on ne sait pas trop quels

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