L'oeuvre sociale de la Révolution française

276 L ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tient de suite la préséance, parce qu'il est cardinal. Pourquoi cette prééminence incontestée? Le clergé la doit moins à la nature de ses fonctions religieuses, qu'à la situation prépondérante qu'il occupe dans la société du xvin‘ siècle, et tout d’abord à sa richesse. Une grande fortune est une grande force; celle du clergé est énorme. Ses revenus peuvent se diviser en trois catégories distinctes : 4° Revenus de ses propriétés et rentes mobilières. Les rois et les particuliers ont, de tout temps, pour se racheter de leurs fautes, ou pour satisfaire à des élans de pieuse générosité, abandonné à l'Église des domaines, parfois considérables. Ces biens-fonds ne se sont point morcelés, divisés, comme les propriétés des laïques, car le clergé a la main vive pour recevoir, #0orte pour rendre. Le clergé est donc, à la veille de la Révolution, le plus grand propriétaire foncier du royaume. S'il nous faut renoncer, en l'absence de monographies suffisamment précises, à évaluer exactement le capital que pouvaient représenter ces terres, cependant le chiffre de deux milliards qu’on avance souvent nous paraît un minimum. Il suffit en effet d'étudier attentivement une société religieuse du xvin® siècle pour arriver à cette conclusion que les biens appartenant à l’ordre du clergé étaient immenses. Ainsi, en 1743, le chapitre de Notre-Dame