L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 281

Sacrement, il est cependant acquis que ce rôle fut de première importance.

Aussi l'alliance de l'État et de l'Église est-elle, dès le xvu° siècle, tout à fait étroite. La royauté, devenue une institution confessionnelle, prend à tâche d'exaucer les vœux du clergé, surtout de rétablir l’unité de croyance, et d’exterminer l’hérésie. Richelieu, après avoir signé la paix d’Alais, permet aux PP. Bonaventure et Joseph de la violer; Louis XIV, en 1685, révoque l’édit de Nantes. Dès lors, sont citoyens français les seuls catholiques ; tout dissident est un rebelle; tout hérétique est hors la loi. Mais, l’édit signé, il fallait l’exécuter, empêcher que l’hérésie ne s’implantât de nouveau sur le sol du royaume, combattre l'esprit novateur et libertin. L'État, devenu solidaire du catholicisme, intéressé à cette œuvre de défense, renforce par une série d'édits les pouvoirs du clergé, en sorte que celui-ci intervient à peu près dans tous les actes de la vie et exerce, à la veille de la Révolution, un véritable despotisme sur l'individu.

Qu'on en juge. Pour être citoyen, il faut être catholique : c’est l'Église qui introduit le nouveau-né dans l'État. Le mariage comporte des effets civils ; il consiste donc essentiellement, au xvim° siècle, dans un acte religieux ; sans le sacrement, l'épouse n’est qu'une concubine, et les enfants sont inhabiles à hériter de la fortune paternelle. Le clergé a done le