L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 283

celles-ci sont elles-mêmes soumises à la tutelle de l'Église, et les Facultés de théologie jouissent en général d'un vérilabie droit de contrôle et de surveillance à l'égard des autres Facultés. Même le Collège de France, pourtant destiné à de libres études, n’est pas libre; c'est un ecclésiastique, le grand aumônier de France, qui nomme les titulaires de ses chaires. Ainsi partout, dans tous les établissements scolaires, dans lous les ordres d’enseignement, nous constatons la même ingérence omnipotente du clergé. Par là s'explique l'indifférence apparente de la royauté en matière d'instruction. Préoccupés de développer avec leur autorité celle de l'Église, Louis XIV et Eouis XV, loin de s'en plaindre, ont vu avec faveur ce monopole de l’enseignement ; ils ont eslimé qu'il était de nature à empêcher les hérétiques, les libertins de pervertir leurs sujets, à assurer une stricte orthodoxie politique et religieuse, à discipliner les esprits. Aussi leur paraissait-il de l'intérêt public que tous les enfants subissent l'influence de cet enseignement confessionnel, et l'édit de 1724, qui ne fut point d’ailleurs exécuté, enjoignit aux parents, sous des peines sévères, d'envoyer leurs enfants à l’école Jusqu'à l’âge de quatorze ans.

L'Église ne pouvait, il est vrai, prétendre à former tous les esprits; certaines natures indépendantes,

certaines intelligences sceptiques devaient se révolter