L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 285

siales n’admettent au nombre de leurs assistés que les pauvres reconnus bons catholiques après une enquête sévère. Elles aident leurs protégés à se relever, mais en échange les obligent à une piété exacte. Leur assistance se double d’une surveillance religieuse ; l'intérèt leur répond de la dévotion des malheureux.

Ainsi le clergé occupe, à la fin du xvrr° siècle, une situation absolument prépondérante. Sa fortune est immense; ses franchises, en matière d'impôt, privent l'État d'une partie de ses ressources, et créent aux autres citoyens un redoublement de charges. Il a réussi à exclure de la société civile, presque de l'humanité, les dissidents, les hérétiques ; il prétend imposer à l’opinion publique sa formule, son esprit. L'Église de France soumise à la royauté, la France dominée par l'Église, telle est la conclusion à laquelle nous conduit cette étude.

II. — Mais la richesse, la puissance du clergé l'exposent justement à des défiances, des jalousies, des haines. La royauté, à court d'argent, préoccupée d'augmenter ses recettes, cherche vainement à imposer les ordres privilégiés. Tout au moins ne veut-elle pas augmenter les privilèges fiscaux de ces ordres. À plus forte raison s’effraye-t-elle de l'augmentation de la fortune du clergé, et plusieurs édits ont pour but d'interdire à l’Église d'acquérir de nouveaux biens (1749).