L'oeuvre sociale de la Révolution française

286 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Mais les véritables ennemis du clergé sont les philosophes. Descartes a rénové la pensée humaine en l’affranchissant du joug de la tradition. Il restreignait, il est vrai, l'autorité de la raison à la connaissance des phénomènes. Ses successeurs abjurent sa réserve ; aucun respect n'arrête leurs investigations. La science étant fondée sur le doute, ils n'acceptent aucun dogme 4 priori ; ils discutent les choses de la foi, aussi librement, et au même titre que les phénomènes physiques. Comme tous les faits s’enchaînent, ils sont amenés à étendre leurs recherches au plus lointain du passé; leur méthode devient historique. Ils acceptent, pour la plupart, l’idée d’un Dieu dont la nature leur prouve l'existence, mais ilss’attaquentaux différents cultes, en retracent l'histoire, les variations, en raillent les petitesses, en ruinent les dogmes et l’autorité suprarationelle. Surtout leur polémique est ardente à l'égard du clergé. Ils apportent à la lutte l’animosité de leur rancune : il leur faut venger l'Encyclopédie sur ses destructeurs ! Mais leur haine à aussi une cause philosophique; la situation prépondérante que le clergé occupe sous leurs yeux leur semble contraire à deux principes que leurs travaux historiques les ont conduits à formuler : le droit naturel, la loi du progrès.

L'individu, pour la plupart des philosophes, pré-

existe à la société; il a, de par la nature, des droits

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