L'oeuvre sociale de la Révolution française

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 287

inaliénables et imprescriptibles. D'autre part, le monde ne stagne point; il se meut vers un état meilleur, vers une condition plus heureuse; il obéit à une force interne, le progrès. Or la suprématie du clergé, l'existence même d’une société ecclésiastique, et surtout d’une société ecclésiastique catholique, sont en contradiction avec ces deux principes. La vie du prêtre est en opposition avec la nature: le prêtre abdique sa liberté pour toujours ; il ne s'appartient plus ; ilne se marie pas, renonce à l'amour humain, souvent ne travaille pas. Il est done, en quelque sorte, un membre improductif de la société ; il prive l'État de nouveaux citoyens, il entrave le développement de la nation, diminue la richesse publique. — Il en est de même pour la fortune de l'Église. On peut concevoir deux formes de propriété : celle de l'individu, celle de l’État. Mais le clergé n’est ni l'État, niune collectivité d'individus. Ses revenus ne sont point répartis entre tous les citoyens, ef, d'autre part, ses biens ne peuvent se transmettre par héritage. Les ecclésiastiques ont part évidemment aux richesses de l’ordre, mais ils n'ont pas le pouvoir de dénaturer ces richesses. Ils sont admis à jouir, mais non, ce qui est la marque de la propriété, à abuser. Cette accumulation de biens-fonds dans les mains de gens qui ne cultivent point eux-mêmes a des conséquences sociales fâcheuses : elle entraine la diminution du nombre