L'oeuvre sociale de la Révolution française

288 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

des propriétaires, provoque la misère dans les campagnes et l'émigration. Si l’on réfléchit en outre que le clergé lève des dimes, et perçoit des droits féodaux, on comprendra tout l'intérêt qu'a, pour la société, la question des biens ecclésiastiques. Toutefois, quelque funestes que soient à l'État et l'existence d’une foule de célibataires, et la fortune du clergé, ces maux ne sont rien en comparaison de ceux qu’entraine la prépondérance politique de l'Église. Tout gouvernement théocratique est fondé sur le principe d'autorité ; 1l est par sa nature même oppressif, contempteur de la liberté de conscience et de la liberté de ‘pensée. Son despotisme mène aux luttes fratricides, à l'exécution d’innocents : Calas en fut victime. — D'autre part toute société ecclésiastique est régie par une règle qui ne doit pas changer; elle est immuable, elle à son idéal dans le passé. La raison humaine exige qu’on mette fin, après une si longue et néfaste tolérance, à un régime si contraire au respect des droits de l’homme et au développement du progrès. Aussi tous les philosophés, malgré des divergences profondes, s’accordent-ils sur un programme commun. Tous veulent soumettre l'Église à l'État, rendre à la population civile les membres inutiles que la société religieuse contient en excédent, réduire ou supprimer les biens du clergé.

Dans quelle mesure ces idées se sont-elles ré-