L'oeuvre sociale de la Révolution française

sil

LA RÉVOLUTION ET LE CLERGÉ 289

pandues dans le peuple, à la fin du xvur siècle? IL — ici distinguer nettement, sous peine de commettre de graves erreurs, l'irréligion à la fois de J'immoralité, et du désir de réformes ecclésiastiques. L'irréligion n'est point, en 1789, un fait aussi général qu'on le croit d'ordinaire. Sans doute, en 1698, La Palatine écrit que tous les jeunes gens se proclament athées; en 1751, Barbier prévoit « une révolution pour embrasser la religion protestante » ; ce sont là plaintes de gens chagrins, qui vivent dans un monde corrompu, qui s’attristent avec les catholiques sincères du scepticisme qu'ils rencontrent trop fréquemment dans les rangs du clergé. Ün certain nombre d’ecclésiastiques ne croient plus, mais la société civile reste croyante. Sur les registres des paroisses, les fondations s'inscrivent aussi nombreuses: les marguilliers se recrutent dans les mèmes classes sociales, À dire que la bourgeoisie est voltairienne, on commettrait plus qu'un néologisme, une erreur. La piété du peuple est restée intacte. Condorcet écrit dans sa Vie de Voltaire : «Un chrétien privé de sépulture est encore aux yeux du-petit peuple un homme digne d'horreur et de mépris »; et les mouvements que provoquèrent la querelle des sacrements et toutes les dissensions religieuses confirment assez la véracité de cette assertion. Quant aux paysans, l'histoire de la Révo-

lution démontre d'une manière éclatante la profon19